Le blues des adolescents sur les réseaux sociaux , ou le Fomo

Le Fomo ( Fear of missing out ).

Le 6 février est la journée déclarée sans telephone. Histoire de décrocher d’une certaine addiction au smartphone, et à tout ce qui va avec : les réseaux sociaux !

Pour les ados, dont j’ai fait partie, lisez ce texte : Parole à un ado, ou la solitude.

Un ado, 14 ans, à table, à ses parents  :  » J’ai fermé mon compte Facebook, définitivement ». Bug ?

Non, une réalité qui commence à toucher les jeunes générations dites « génération Y ».

Frustration de voir en permanence ( en temps réel ) ses contacts « amis » des réseaux toujours occupés, toujours beaux, toujours entourés… Et moi ? pense l’ado de 14 ans ?

Serait-ce la fin des amis sur Facebook ?

Communiquer c’est entrer dans l’orchestre, avis aux ados.

L’adolescence est toujours un moment difficile. Peu importe l’environnement familial ou technologique ( comme les réseaux sociaux ).

Etre dans le monde, pour un adolescent, c’est accepter les codes, et « entrer dans l’orchestre ». On peut se révolter sur la société, cela n’a pas de sens si on ne se confronte pas à la réalité de notre société.

Source de désillusions, évidemment. Entrer dans le monde, c’est être consensuel, et laisser un peu au placard ses rêves.

A l’usage des adolescents qui pourraient lire ce billet, effectivement, rentrer et faire sa place n’a jamais été facile pour chacun. Tout le monde est passé par cette phase difficile, d’entrer dans le monde, faire sa place.

C’est à dire, accepter les usages de la sociétés ( traditions, politesse , … ), car ces usages au fond protègent la société du « tout et n’importe quoi ». Ces usages peuvent paraître lourds et stupides, mais d’une part sont l’expérience de millions d’individus, qui ont construit au fur à mesure des règles et base de relation humaine. On peut ne pas être d’accord, c’est comme ça. On lira à ce propos : Une logique de la communication, entrer dans l’orchestre.

Les réseaux sociaux connectent en « temps réel » les ados.

Etre seul, et surfer sur la toile pour s’apercevoir que ses amis « s’éclatent », ont des soirées auxquelles on n’est pas invité, voilà le blues de l’adolescent moyen. A moins de faire de la surenchère, être connecté, c’est se connecter à sa propre solitude. C’est le syndrome du Fomo :

Fear of missing Out : s’apercevoir que ses amis font d’autres choses plus palpitantes ( et effectivement sur facebook ou twitter, on poste plutôt les évènements jouissifs que sa solitude ).

Et effectivement, la tendance sur les réseaux sociaux est de poster des photos où l’on se sent bien, entouré, en soirée, entre amis ; plutôt qu’une photo de soi pépère dans le canapé devant la TV. Ce sont les exemples que reprend l’article « Pourquoi Facebook et Instagram font-ils de nous des loosers ? »

On lira ainsi l’article : L’angoisse du réseau social

Une accélération du malaise.

Quoi de neuf aujourd’hui, par rapport aux « anciennes générations » ? ( c’est à dire n’étant pas de la « génération Y » ).

Car n’oublions pas notre jeunesse, faite de langueur, d’ennui, et de rage…

Deux points cruciaux accélèrent les problématiques des adolescents.

– d’une part, l’immédiateté de l’information et des contacts.

S’informer sur les problèmes de sexualité, de confrontation de la différence ( obésité, sensation de ne pas « être beau », homosexualité ) est aujourd’hui accessible sur internet.

Cette révolution de l’information est plutôt positive.

Cependant, le « brouillage » d’information tellement riche empêche parfois de trouver « le sens », auquel un jeune peut s’attendre.

Les institutions traditionnelles peuvent paraître archaique parfois ( l’école, le planning familial), mais permettent le repère que l’on ne trouve pas forcément sur internet. Les forums, les sites marchands donnent des informations contradictoires, dont les sources, l’honnêteté sont parfois aléatoires.

[ en ce sens, face aux sites marchands ou hégémoniques comme Facebook, une communauté de sites « référents » est à construire ].

– l’accélération de notre vie, virtualisée :

Les réseaux sociaux et les nouvelles technologies permettent l’accélération du temps. En ce sens, ils sont en harmonie avec l’adolescent qui voit sa vie s’accélérer.

Physiquement, par le changement du corps ; et  spirituellement, par la remise en cause des principes qui l’ont dirigé jusqu’à présent.

De là le succès du SMS , véhicule de message « direct », immédiat et sans intermédiaire. [ on lira à ce sujet : sémiologie du SMS ]

L’accélération de cet « espace virtuel » rend cependant l’adolescent ( comme tous ) dépité face à l’espace temps du monde, qui n’a jamais été rendu incompressible :

– l’éducation ( l’apprentissage des langues par exemple ) prend du temps.

– les traditions s’ancrent dans le temps, et ne peuvent se « zapper » ou s’accélérer : les repas familiaux.

– le changement du corps : certes, l’adolescent se voit « tranformé » physiquement, mais quel effroi de voir ses boutons d’acné ne pas disparaître assez vite, ou sa moustache « virile » ne pas pousser…

[ on lira : Espace temps, virtuellement délicieux ]

De nouveaux modes de vie bousculent la vie des adolescents, qui tentent d’accélérer ce temps. C’est le cas de la consommation d’alcool, les ados sont passés d’une consommation festive à une autre dite « de défonce ». En cause : le « binge drinking ». Boire vite. Tout de suite.

Le paradoxe des nouvelles technologies est qu’il accélère le temps, les contacts, mais ne résout pas cette paresse, cette lenteur de tout adolescent, ( comme tout être humain ), face à ses difficultés, son ennui, sa solitude ( je n’ai pas d’amis sur Facebook ).

En corollaire : Ados,  n’hésitez pas, j’ai un compte Twitter , http://twitter.com/#!/semio59.